Les géants de France et de Belgique, les polyphonies corses, la tradition du tracé dans la charpente, la tapisserie d’Aubusson, le maloya de La Réunion, le compagnonnage, le repas gastronomique, le savoir-faire de la dentelle au point d’Alençon, la fauconnerie, le fest noz, l’équitation de tradition : telle est la composition actuelle de « l’équipe de France » du PCI. Notre pays compte en effet onze inscriptions sur la liste du « patrimoine culturel immatériel » reconnu par l’Unesco. Une « notion récente » – la France a ratifié en 2006 la convention de l’Unesco pour la sauvegarde du PCI datant de 2003 – que Sébastien Meaux, directeur du musée d’ethnologie de Béthune s’est efforcé de décrypter ce lundi soir – 29 avril 2013 – lors d’une conférence organisée par les Amis du musée.
La question du PCI n’a pas été abordée par hasard, Sébastien Meaux estimant que ce patrimoine culturel immatériel est « un enjeu majeur pour les musées d’ethnologie d’aujourd’hui » et par conséquent pour « l’équipement béthunois ». Rappelons que le musée d’ethnologie régionale de Béthune s’appuie sur une expérience de plus de trente ans, ses collections comptent 40 000 objets domestiques, agricoles, artisanaux, techniques (entreposés dans un bâtiment de l’avenue Kennedy), ses dossiers contiennent plus de 660 enquêtes ethnographiques. Ce musée assure des publications, tient des « cafés-ethno », monte des expositions temporaires, dans la chapelle Saint-Pry depuis 2009 ; chapelle qui pourrait devenir un lieu d’exposition permanent… La municipalité avait envisagé la chose pour 2018 ? « Nous sommes à la croisée des chemins, a souligné le directeur. Nous essayons de nouvelles recettes, il nous manque un peu plus de visibilité. Nous devons aller vers les jeunes générations. »
Le PCI, kesako ?
Sa définition est stricte : « les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire – ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés – que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel » et elle peut sembler abstraite mais Sébastien Meaux a trouvé la bonne image pour éclairer son auditoire : Gambrinus ! Le géant de la ville de Béthune (né en 1998) illustre bien cette notion de patrimoine immatériel, « un héritage qui vit, évolue, se renouvelle, se transmet et que la population s’est approprié ». Le PCI, ce n’est pas que du folklore mais bel et bien l’affirmation que « la tradition ne rime pas forcément avec le passé et que le contemporain peut avoir un passé justement ». En adoptant cette vision, les musées d’ethnologie (peu nombreux en France) seront amenés à ne plus se contenter d’aller dans une simple démarche de sauvegarde et devront se demander « pourquoi ça disparaît »ou « si ça se transforme ? ». En clair, partir du présent et remonter le temps avec la difficulté notable de trouver le moyen de valoriser des traditions, des savoir-faire qui ont essentiellement été transmis oralement. « On n’a pas la solution mais on a des pistes » reconnaît Sébastien Meaux qui est arrivé à Béthune en 2001. Persuadé que « les musées doivent descendre de leur piédestal », cet enseignant à l’université d’Artois et à l’université de Lille n’hésite pas à bousculer son monde, à secouer les habitudes. Ainsi jusqu’au 9 juin 2013, le musée d’ethnologie régionale présente à la chapelle Saint-Pry, une exposition intitulée « Épilepsies, mythes et préjugés ». Et à l’occasion de la Nuit des musées, le samedi 18 mai 2013 jusqu’à 22 heures, des comédiens de la Ligue d’improvisation de Marcq-en-Barœul offriront une « visite décalée » de cette exposition.
- Chapelle Saint-Pry : entrée libre, ouverte tous les jours de 14 h à 18 h, sauf mardi et jours fériés. Renseignements au 03 21 68 40 74.
« Le musée d’ethnologie régionale n’est pas un centre d’histoire ni un espace dédié au folklore de notre région, bien au contraire, il continue d’interroger la mémoire du présent, recueille des objets de la vie quotidienne et ne s’interdit nullement de travailler avec des artistes contemporains chez qui il trouve d’autres savoir-faire et réappropriations du patrimoine ethnographique. » Sébastien Meaux.
Quand on dit musée d'ethnologie régionale, on pense immanquablement à Philippe Decroix, artiste béthunois décédé en 1997 et qui, dès 1962, se mit au service de la sauvegarde du patrimoine, fondant un premier musée dédié aux arts et traditions populaires.
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