Le fac-similé de la grotte Chauvet Pont d'Arc, en Ardèche, ornée d'un millier de dessins, peintures et sculptures, dont 423 figures animales, réalisées il y a 36 000 ans – gravures à la pierre ou au doigt, peintures par soufflage de pigments comme cette main qu'on dirait faite au pochoir –, sera accessible fin 2014 au public.
Inviolée jusqu'à sa découverte en 1994, et candidate au Patrimoine mondial de l'Unesco, la caverne d'Homo sapiens, joyau de l'art pariétal paléolithique, est trop fragile pour être accessible aux visiteurs. L'exemple de la grotte de Lascaux en Dordogne, un temps largement ouverte, et menacée à terme par des bactéries et champignons, a fait école. Sur 3 000 m2, cet espace de restitution – dix fois la réplique de Lascaux –, le plus vaste fac-similé jamais conçu, est donc en cours d'exécution par les "faussaires" de la société ArcetOs/Atelier Dallis (Dordogne-Toulouse), chargés de retrouver le geste originel des artistes de la préhistoire.
A l'intérieur de la grotte bis, les cinq sens des visiteurs devraient être stimulés par la fraîcheur, l'humidité, le silence, l'obscurité et les odeurs caractéristiques du milieu souterrain. Un centre de découverte pour comprendre le paléolithique, sa faune, sa flore, complètera le complexe, pour un budget de cent millions d'euros, comprenant également l'aménagement périphérique du site qui attend quelque 300 000 à 400 000 visiteurs par an.
Reste que la grotte Chauvet veut tenir son public en haleine jusqu'à l'ouverture de sa réplique. Ainsi, en préfiguration de l'événement, l'exposition "Chasses magiques", organisée par le musée du Quai Branly, se tiendra à proximité, au château de Vogüé (Ardèche), du 2 juillet au 3 novembre. Un partenariat a été noué avec le musée parisien qui accorde le prêt de 55 pièces de ses collections, choisies par Yves Le Fur, le commissaire de l'exposition et directeur des collections du Quai Branly, comme un écho de la pensée magique des chasseurs cueilleurs à travers les âges.
Provoquer un dialogue des arts premiers, entre les masques, trophées, ornements et armes des peuples d'Afrique, de Nouvelle Guinée, d'Australie ou d'Amérique du Sud, comme un écho aux cavalcades d'ours, rhinocéros laineux, mammouths, félins, qui défilent sur les parois de calcaire de la caverne, tel est le pari d'Yves Le Fur.
Le commissaire a sélectionné des pièces familières – propulseurs, tuniques végétales de camouflage, figures rituelles... – de la pratique universelle et millénaire de la chasse. "Je présente quelques unes des hypothèses. Du paléolithique, on n'a pas d'éléments directs, mais une 'préhension', à la limite des faits. Les représentations animales sont des symboles, mais de quoi ? Il y a un choix de grands mammifères aux comportements sociaux proches des humains".
Le chasseur entretient des rapports intimes et secrets avec ses proies, il a ses stratégies, ses talismans. Comme cette cuirasse en crocs d'animaux ou ce maillot cousu d'amulettes. Ou encore cette coiffe à corne, évoquant une antenne radio en liaison avec celle de la gazelle qu'il poursuit. "J'ai choisi ces thèmes sur l'esprit du chasseur avec l'idée d'appropriation par les pratiques magiques. Il ne s'agit pas de comparer les cultures, précise-t-il, mais d'évoquer la prédation, la violence, le pouvoir. L'esprit du chasseur entre en communication avec celui de l'animal pour l'amadouer, se l'approprier". Scénario imaginaire digne d'un récit fabuleux.
Le site Web de la grotte Chauvet : www.lagrottechauvetpontdarc.org
Le Monde.fr
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Par Florence Evin
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